La guerre et l’exode

La guerre, l’exode surtout, les anecdotes que je réclamais le soir pour m’endormir. Il racontait cette fois où ce vieux monsieur avait mis tant de temps à descendre de la plateforme du bus pour un arrêt… Arrêt subitement interrompu par les bombes qui peuvent autour d’eux ! Et le premier à courir pour rejoindre le véhicule et sauter lestement sur cette même plateforme, c’est bien sûr le vieillard en question ! Histoire drôle même quand mon père se rend compte qu’un éclat d’obus a coupé net le bout de sa chaussure, sans le blesser, il a 8 ans, il voit une autre fois cette femme qui tient son bébé dans ses bras, ses enfants autour d’elle, prendre un éclat en pleine poitrine et sous la douleur lâcher le bébé sur la route, sa petite fille sauter du camion pour le récupérer, au milieu des bombes, et la mère hurler qu’on arrête la camion. Elle n’en descendra que quelques kilomètres plus loin lors d’une accalmie et repartira à pied avec son petit garçon pour essayer de les retrouver. Et mon père qui se demande des années après ce qu’elle est devenue, si elle les a retrouvés…

Photo d’illustration.

Les années de guerre, les couvre-feu à Paris, il a vu les rafles au petit matin. Me racontant l’infamie des gendarmes français qui séparaient les hommes des femmes dès l’arrestation : les bébés mâles séparés de leurs mères… Il a vu les fusillés, les allemands qui pouvaient aussi être gentils, ces pères eux aussi séparés de leurs enfants, qui distribuaient des bonbons.