De la synchronicité et des tentatives de bonheur…

En cette journée internationale des revendications salariales et des travailleurs, je comprends un peu mieux ce qui m’arrive. Je comprends que ce projet de librairie, d’espace d’échange et de partage autour du livre n’est qu’une partie de ce qui m’importe vraiment. Ce qui m’importe vraiment c’est d’être l’écho de ce qui est au travail en chacun de nous, de ce qui compte et de ce qui perturbe.

Ainsi je vois maintenant que ce projet est plus large que ce point de départ. J’ai donc la joie de vous annoncer que nous vous proposerons aussi un espace de travail communautaire dans un lieu logique et évident : les locaux de Two&Two, au métro Saint Georges. Car ces années de travail, d’épreuves mais aussi de partages et de joies ne peuvent disparaître. Il suffit de transformer, de muter pour proposer quelque chose de beau, de viable et d’utile.

Mon cher et tendre me disait hier soir en plaisantant « ça va plus loin, on va proposer un triumvirat avec le Cap Horn ». Et ce matin, en cette journée symbolique, je me rends compte qu’il a raison. Nous avons oublié la signification du 1er mai (et tout cas moi oui). Nous avons oublié que changer le monde, c’est possible. Que des millions de gens se sont battus pour obtenir du système inhumain qui nous accable des vacances, des droits et surtout du respect. Et que si vous pouvez aujourd’hui rentrer chez vous après vos 8 heures de travail, pour profiter de 8 heures avec vos proches et de se reposer 8 heures, c’est que d’autres y ont cru et se sont battus.

J’aime mon travail depuis toujours, j’aime rendre service et je n’ai pas vu que je pouvais m’épuiser. Pourquoi ? parce que j’ai bêtement cru que quand je travaillais pour des clients humains et sensibles, c’était eux qui comptaient, pas la grosse machine inhumaine et capitaliste planquée derrière. Je décide aujourd’hui que je n’aurai aucun pitié pour les rouages qui écrasent mes camarades travailleurs. Plutôt que de travailler sous la pression, sous le stress, je dirais non. Je leur apprendrais qu’il y a une grosse différence entre travailler en bonne intelligence (ne pas les planter, les aider eux) et répondre aux exigences d’un système qui nous écrase.

Une fois on m’a dit « Le client est roi », j’ai répondu vertement « dans ce cas, tu n’es pas mon mac et je ne suis pas ta pute ». J’ai toujours dit : je suis une bourrique, prête à travailler avec acharnement parce que je veux rendre service, mais si on me dit « tu dois m’obéir » je me braque, et j’arrête.

Je me suis dit en 6e « Quoi que je fasse dans ma vie, je serai contente avec ce que j’ai ». Aujourd’hui je veux prouver qu’il est possible de bien gagner sa vie tout en faisant ce qui vous plait vraiment. Que les réflexes de se dire « je voudrais faire ça mais c’est un doux rêve incompatible avec les besoins financiers de ce monde », c’est une erreur et c’est dommage. Parce que je le fais depuis 20 ans, que je n’ai pas de problèmes financiers, et que je ne suis pas rentière. C’est une question d’équilibre : construire un projet réaliste pour ne pas tomber comme Icare, mais ne surtout pas rester coincer à s’épuiser et à souffrir dans un travail qui ne vous respecte pas en tant qu’humain.

Tout ceci est au travail autour de nous. Il y a tant de projets humaines et bienveillants qui fleurissent, mais toujours avec la peur ancrée. D’un coté des associations, des bénévoles, qui trouvent du sens à leur vie mais sans profit, d’un autre des structures inhumaines qui font mal (même si elles essaient de se voiler la face en mettant en place des choses sur les risques psychosociaux) qui font des bénéfices dingues mais qui pressurisent leurs salariés pour obtenir de meilleurs devis de leurs prestataires ? C’est indécent. Je vois ces réflexes dans chaque structure. Du salarié de la petite entreprise qui n’ose pas sortir de la place qui lui est imposée de peur de se faire virer au manager du groupe coté en bourse qui est entre le marteau et l’enclume pour le fonctionnement de ses équipes… Tout ça pour l’argent. Qui profite surtout à des entreprises dé humanisées, à des actionnaires qui logiquement sont déconnectés de l’humain qui oeuvre derrière les chiffres.

Mon coeur de métier a été depuis quasiment 15 ans les opérations d’actionnariat salarié. Je crois que cela ne me dérangeait pas justement de travailler pour des entreprises du CAC 40 grâce à ça : l’Actionnariat Salarié. J’ai souvenir d’avoir expliquer à ma tendre Josepha que le fonctionnement de la Bourse a gangrené le monde, mais que devant cette machine devenue folle, au moins l’actionnariat salarié avait un sens, c’est déjà ça.

Aujourd’hui tout se connecte et prend sens : je comprends pourquoi je tiens absolument à créer une SCOP. Ce n’est pas négociable. C’est tout simplement la forme d’entreprise humaine et profitable idéale. Avoir la sécurité de l’emploi et la liberté de travailler humainement, de trouver du sens dans la vie.

Tellement de gens ont de bonnes idées, souffrent au travail, veulent un monde plus sain et heureux. Mais on nous a tellement manipuler pour plus de productivité, de profit (à qui ?), que nous n’y croyons plus, que nous avons peur. Peur de ne pas pouvoir payer son loyer ou manger à sa faim, peur de ne pas être heureux quand on croit que si on gagne moins que ses proches on va être pris pour un looser, un flemmard ou je ne sais quoi. Arrêtez d’avoir peur, essayez de trouver des acolytes qui veulent la même chose que vous et créez une SCOP.
Dès le 1er septembre, venez chez La Plume Nocturne, soit pour passer un bon moment à discuter de livres, de films, de séries ou de musique, soit pour que je puisse établir le contact entre vous et d’autres rêveurs et que vous puissiez ensemble travailler à développer un monde meilleur :-p

N’oubliez pas de chercher derrière les évidences : aujourd’hui ce n’est pas la « Fête du travail », c’est un jour qui symbole la lutte pour changer le monde et la vie des travailleurs. C’est un jour important où il faut se souvenir que tout est possible.

Aujourd’hui, une tolérance de l’administration fiscale dans certaines communes permet aux particuliers et aux organisations de travailleurs de vendre les brins de muguet sans formalités ni taxes sur la voie publique en respectant toutefois les autres obligations légales (il s’agit par exemple de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, sinon ce serait de la revente).

Remettez en questions les lois qui elles-même se sont déconnecté de l’humain.
Qui les a écrites si ce n’est nous-même ? Pourquoi les règles seraient dures et rigides ? je ne dis pas de les briser, je dis avec espoir, qu’il faut ce souvenir que ce qui compte c’est nous, qui ne sommes pas là pour bien longtemps, et qu’il faut avoir le recul et la lucidité pour les faire évoluer plus douces et bienveillantes…

Sur ce je vous souhaite un très bonne journée, profitez de vos proches et parlez vous (exercice du jour « que voudrais-tu faire si l’argent ne comptait pas ? »). Ce qui va sans dire va mieux en le disant.